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CELEBRATION DES PREMIERES NAISSANCES CHEZ LES BOMBOMA
du Vendredi 16/05/2008 à 20:57
publiée par Alexandre Mopondi

WALAKELE - LIBOTA LA MWENGE NA MWENGE


L’école est par sa définition première « un projet de société » qui a pour mission de « former le citoyen » en vue de « répondre aux besoin de la communauté. »
Il se fait que, dans son organisation, l’école, dans la tradition africaine, n’a pratiquement pas de structures fixes comme celles qu’on connaît dans le monde occidental.
L’école dans la tradition africaine a toujours fonctionné selon des règles morales et philosophiques implicites de la communauté qui font qu’on soit accepté ou rejeté par cette dernière. Celui ou celle qui suit, selon les normes établies, sa formation est normalement intégré et a plus de chance d’assumer les responsabilités.

Selon l’âge et l’évolution de l’enfant, l’école commence par les parents (premier niveau) ; elle se poursuit par les membres de la famille, c’est-à-dire du clan, dans la phase de l’apprentissage d’une activité exercée dans la communauté (deuxième niveau). Par exemple « apprendre à travailler le palmier », « apprendre tout sur les rapports sexuels » … De façon générale, l’école prépare à la pérennité de la culture. Dans cette préparation, l’accent est mis sur le mariage. L’homme et la femme sont préparés à assumer les responsabilités du couple. On est donc censé se marier après la formation.

Dans la société Bomboma, certains aspects ou chapitres de la formation se font après le mariage. Cela s’explique tout simplement par le caractère professionnel de l’enseignement dans l’école de la tradition africaine. Tout l’enseignement est lié à la pratique.
WALAKELE est chez les Bomboma, un des chapitres de la formation qui est enseigné après le mariage. Juste à la première naissance d’enfant dans le couple. La jeune maman est prise en charge par sa famille ; elle revient chez ses parents avec le bébé et sa maman s’occupe d’elle. Elle lui apprend tout ce qui est nécessaire pour le bien être du bébé : comme à cet âge l’enfant ne s’exprime que par des cris, pleures, mouvements, la jeune maman apprend les significations de toutes ces expressions. Elle apprend aussi à gérer les moments des crises comme celui de « nyei ya singa », qui est un type de constipation qui fait vraiment mal au bébé ; à l’allaiter et à dormir avec le bébé sans l’étouffer, … etc.
Walakele est vraiment un moment de repos total pour la jeune maman. Elle mange, allaite le bébé et se repose.

Cette formation à la « prise en charge du nouveau né » dure au moins un an et au plus deux ans ; le temps que le bébé commence à marcher. Pendant ce temps de formation à la prise en charge du bébé qu’est le walakele, il est demandé à la jeune maman de ne pas avoir des relations sexuelles avec son mari. Cela pour éviter ce qu’on appelle « sanga », c’est-à-dire des complications physiologiques, psychologiques sur l’enfant supposées être liées aux relations sexuelles du couple pendant cette période.
Les conséquences de l’interdiction sont que l’homme est implicitement autorisé d’aller voir ailleurs. Dans ce contexte la polygamie devient une solution à la situation qui se présente. Il faut aussi dire que l’interdiction des relations sexuelles pendant cette période du développement de l’enfant est une façon de « réguler » les naissances dans les couples. On constatera qu’à un moment donné de l’évolution de la société Bomboma, l’écart entre deux naissances était, de façon générale, de deux ans.

Comment alors était organisée cette formation à la prise en charge du nouveau né qu’est le walakele ? On peut distinguer quatre moments dans la formation :
- Soins apportés à la jeune maman,
- Gestion du nouveau né,
- Relations avec le mari,
- Retour au foyer conjugal.

Les soins apportés à la jeune maman sont d’abord une priorité pour le bébé, parce que ce qu’il mange doit venir de l’allaitement, et ensuite pour elle, pour sa forme. Elle a intérêt à reprendre sa forme d’avant la grosse pour continuer à séduire son mari.
Pour que le bébé puisse avoir son lait, la maman prend en priorité tout ce qui est liquide : le vin de palme et la nourriture avec soupe qu’on appelle souvent « pepe soupe » dans laquelle il y a beaucoup de légumes (sakasaka et autres)
Quant à sa forme, elle est soumise à des séances de « massage » à la Bomboma presque tous les soirs avant d’aller se coucher. La maman plonge la serviette dans l’eau un peu plus que tiède et l’utilise pour presser le ventre de la jeune maman. Le reste de sang de l’accouchement sort au fur à mesure des séances de massage. Cela évite d’arriver à la situation où ce reste de sang de l’accouchement se coagule et se transforme en cailloux dans le ventre. S’il arrive au stade des cailloux, la jeune maman souffre au point de marcher à quatre pattes et de fois ça peut aller jusqu’au décès. A la fin du massage, avant de se coucher, on serre son ventre avec un pagne plié ; elle l’enlève le matin au réveil.

La gestion du nouveau né commence par l’allaitement ; elle apprend à comment se tenir pour l’allaiter, l’entretien des mamelons pour éviter les infections, à gérer le surplus de lait dans les mamelles, etc.
Après l’allaitement il y a la toilette du bébé. Elle apprend comment le tenir dans le bassin d’eau pour le laver, appliquer le savon à sa tête sans que ça lui rentre dans les yeux et le nez, lui donner de l’eau à boire à l’occasion, etc. Elle apprend aussi à lui enlever les selles sans irriter sa peau très fragile. Elle est tenue informée des effets d’une couche mouillée d’urine sur la peau du bébé, etc.
Il ne manque jamais des informations sur comment prendre le bébé du lit ; comment le tenir dans ses bras, son dos, se jambes ; comment dormir avec le bébé sans risquer de l’étouffer.

Pour ce qui est des relations avec son mari, elle apprend à être tolérante, moins jalouse de son mari qui peut devenir irrégulier à la maison ; il va de l’intérêt de l’enfant que le mari n’aborde pas l’aspect sexuel avec son épouse avant le sevrage. Elle veille à ce que son mari ne touche pas le bébé et ne se couche pas directement sur le lit conjugal après avoir découché. Cela semble avoir des effets négatifs sur l’enfant.

Le retour au foyer conjugal est le moment le plus important de la formation à la prise en charge du nouveau né. C’est une grande fête qui mobilise les familles du couple. La famille de la jeune maman soigne sa tenue : un « mosamba » bien tissé qu’on plonge généralement dans le « yombo », un produit noir ; des « gbegbegbe », genre de collier en cuivre qu’elle met au niveau des chevilles ; des « mayaka » ; le « ngola », produit rouge qu’elle applique sur le corps ; un « mongbango » qu’elle tient à la main. Il y a aussi ce qu’on pourrait appeler les « filles d’honneur » qui l’accompagnent dans sa route vers son foyer conjugal. Elles sont habillées presque pareil que la jeune maman.
Comme c’est une fête, il y a à manger, à boire et tout ce qui est nécessaire pour sa réussite.
Au jour « j », une délégation accompagne la jeune maman entourée des filles d’honneur jusqu'à son foyer conjugal. On parle alors de « batokoli walakele » ; c’est la sortie officielle de la jeune maman. Et c’est ainsi que se termine la formation.

Prof. Alexandre David Mopondi Bendeko Mbumbu


 
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