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A propos de la Journée du 8 mars, les nouvelles du Continent:NEUF FEMMES QUI FONT AVANCER L'AFRIQUE
du Lundi 09/03/2015 à 16:59
publiée par Maufranc Mongai


A propos de la Journée du 8 mars, au niveau du Continent:NEUF FEMMES QUI FONT AVANCER L'AFRIQUE
Par Le Monde Afrique
Le Monde.fr Le 07.03.2015 à 14h50 • Mis à jour le 08.03.2015 à 14h16


Elles sont connues ou inconnues. Elles sont Africaines et Le Monde a décidé de leur rendre hommage, à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars. Elles n’ont pas été choisies pour leur fortune, ni pour leur influence, mais parce qu’elles ont impressionné neuf des journalistes au Monde qui traitent de l’Afrique.

Le choix a été subjectif, le résultat est large : photographe, banquière, sœur religieuse, agricultrice, actrice, geek ou ancienne couturière. Ce sont les femmes à qui nous tirons notre chapeau, celles qui sont en train de changer leur continent.

1. LUPITA NYONG'O, une Kényane « universelle »

Comment ne pas être bouleversé par Lupita Nyong’o ? Bien sûr, l’actrice (et réalisatrice) kényane a crevé l’écran dans son rôle de Patsey, la jeune esclave martyrisée dans la plantation de 12 Years a Slave.
Pour sa première apparition au cinéma, elle a été récompensée par un Oscar.

Elle est aussi devenue célèbre du jour au lendemain. En partie en raison de son élégance, devenue emblématique, ou peut-être du fait que l’Oscar (du second rôle) était attribué à une actrice à la fois africaine et mondiale : née au Mexique, originaire du Kenya, suivant depuis deux ans des études d’art dramatique à Yale. Et c’est ainsi que Lupita Nyong’o est devenue une icône.

Lupita Nyong’o est l’enfant de ce Kenya-là, ouvert sur le monde, prometteur en toutes choses. A Nairobi, elle a fréquenté les bonnes écoles, a développé très tôt un goût pour le théâtre et le cinéma. Dans les années 2000, elle se produisait au National Theater, dans le Roméo et Juliette de Shakespeare. Ce même Shakespeare dont leur père leur récitait des tirades entières quand il était au volant.
Jean-Philippe Rémy

2. Le « féminisme participatif» de SOUAD DIBI

D’un pas lent mais assuré, Souad Dibi traverse la grande entrée du Palais des congrès de Genève, où elle est venue participer en ce mois de novembre 2014 à un forum mondial sur l’innovation. Le thème lui tient à cœur, car « de là où je viens, il faut inventer tout le temps, surmonter l’adversité et imaginer le futur en permanence ».

Souad Dibi vit depuis trente ans à Essaouira, une province du littoral atlantique marocain aux innombrables attraits touristiques. Mais, selon des indications de l’Initiative nationale pour le développement humain, la région connaît aussi un taux de pauvreté de plus de 30 % qui touche d’abord la jeunesse et les femmes.

« Quand je vois des femmes dans la précarité, je suis écœurée car je me dis que c’est toute une société qui s’écroule. Alors, je cherche des solutions, j’innove », lance celle qui a créé en 1998 une association pour venir en aide à des femmes d’Essaouira abandonnées et sans ressources, aujourd’hui l’une des plus importantes de la localité.

Le féminisme de Souad Dibi se veut « participatif » et non vindicatif ni revendicatif. Sa voix fluette et son ton calme contrastent avec son exaspération. « Nous faisons un travail que les pouvoirs publics devraient garantir à tous les citoyens, surtout dans les zones rurales », déplore la militante associative pour qui « le féminisme consiste d’abord à répondre à des besoins concrets ».
Raoul Mbog

3. HELA CHEIKHROUHOU, banquière du climat

Sa route était toute tracée dans l'univers doré des salles de marchés mais elle a choisi de laisser tomber les bonus de la Citibank pour « faire du développement » et donner du sens à une vie qu'elle ne voyait pas limitée à la recherche « de profits à court terme pour satisfaire l'appétit toujours plus grand des actionnaires ».

Lorsqu'on rencontre aujourd'hui la tunisienne Hela Cheikhrouhou, à la tête du tout nouveau Fonds vert pour le climat, on a du mal à imaginer que cette femme fluette et réservée, d'une petite quarantaine d'années, a régné sur des bataillons de golden boys en Tunisie et au Maroc. C'était une autre vie.

Désormais, ses « clients » sont des pays et son job n'est pas de leur apporter un rendement à trois mois mais de leur donner accès à des financements qu'aucune autre institution n'est en mesure de leur fournir pour s'adapter au changement climatique. Promis aux pays en développement au lendemain de la conférence sur le climat en 2009 à Copenhague, il aura fallu cinq ans pour que le Fonds vert voit le jour. Tout reste maintenant à faire.

« Femme, jeune et originaire d'un pays en développement. Sur le papier cela peut paraître glamour. Dans la réalité, c'est extrêmement dur ». La confidence ne vient pas d' Hela Cheikhrouhou, - trop fière de « servir sa cause »-, mais d'un de ses plus proches collaborateurs qui partage avec elle son exil coréen. Elle, préfère s'en tirer par une anecdote : « L'univers des traders dans lequel j'ai commencé à travailler est très masculin. Beaucoup se sont plus à me considérer comme un vase de porcelaine mais j'ai résisté ». A bon entendeur, salut.
Laurence Caramel

4. JULIANA ROTICH, la reine des geeks d’Afrique

Elle est une fée d’Afrique qui œuvre à changer le continent de sa baguette technologique. La Kényane Juliana Rotich se montre là où il faut être. On peut certes la croiser dans les prestigieuses conférences innovantes TED, au Forum économique de Davos, ou au MIT Media Lab, mais aussi à Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique, au sud de Nairobi. Mais c’est bien sûr le Web, où sont retransmises ses conférences vues par des millions d’internautes, que Juliana Rotich se révèle. Cette accorte de 37 ans en est persuadée : « Les nouvelles technologies jouent un rôle crucial dans le développement du continent ». La brillante informaticienne née dans un village de la vallée du Rift et formée à l’université du Missouri, aux Etats-Unis, le répète tel un mantra.

Juliana Rotich et ses amis kényans, blogueurs et informaticiens de talent, ont fait montre de leur capacité à agir dans le monde virtuel pour transformer le réel. Ensemble, ils avaient créé, dans l’urgence des violences postélectorales de 2007, le premier logiciel open-source « made in Africa », Ushahidi, pour cartographier les dégâts et les témoignages. De quoi attirer l’attention des fondations philanthropiques américaines et des mastodontes de la Silicon Valley qui lorgnent sur l’Afrique, terre numérique presque vierge et marché prometteur.

Depuis iHub à Nairobi, Juliana Rotich a élaboré BRCK, un petit boîtier permettant de se connecter au Wifi même lorsqu’il n’y a pas d’électricité. Une perle d’innovation mise sur le marché l’été dernier. « Ce qui fonctionne en Afrique peut fonctionner partout dans le monde », lâche cette entrepreneure dont les projets valorisent une innovation africaine à l’échelle globale.
Joan Tilouine

5. PATRIMA, chanteuse équato-guinéenne contre la polygamie

Elle aime déambuler dans Bata, capitale économique de la Guinée équatoriale, avec des airs de musique plein la tête et ce sourire qui ne la quitte jamais. Patrima, 37 ans, est l’une des chanteuses les plus célèbres de Guinée équatoriale. Son style, c’est le machacando, une musique traditionnelle qui a fait le tour du monde grâce au chanteur équato-guinéen Maélé.

Si les rythmes des chansons de Patrima sont joyeux et entraînant, ses paroles peuvent être graves. « Dans mes textes, je défends la cause des femmes, assure-t-elle. En Afrique, elles n’ont souvent pas les mêmes droits que les hommes et sont parfois victimes de violences conjugales… Rien, absolument rien, ne peut justifier le fait qu’un homme lève sa main sur une femme ! » Ici comme ailleurs, ce sont des choses qui restent généralement confinées dans le couple. Elle, elle les raconte sans tabou dans ses chansons et tente de faire passer ses messages.

L’autre combat de Patrima est celui de la défense de la musique traditionnelle. Elle aimerait que les jeunes musiciens africains retournent à leurs origines et cessent d’être influencés par « tous ces clips américains, où le chanteur jette des billets de banque dans une piscine ou un jacuzzi sur des filles en bikini en train de se trémousser. » Un autre combat qui prendra du temps.
Pierre Lepidi

6. MARIE-THERESE, pour les orphelins du Congo

Pour Marie-Thérèse, 63 ans, offrir sa vie à Dieu ne suffisait pas. En 1987, alors qu’elle avait déjà passé la moitié de sa vie au couvent de Brazzaville et qu’elle visitait comme chaque jour les prisons de la capitale congolaise, elle tomba sur Albert, un enfant de trois ans qui vivait avec sa mère incarcérée pour meurtre. Elle décida de se s’occuper de lui jusqu’à la sortie de prison de sa mère. Cela allait changer sa vie. Elle emporte Albert au couvent et passe de sœur à maman.

Les autres sœurs apprécient modérément. La présence de cet enfant, puis d’autres, bouleversent la vie monastique. Neuf ans plus tard, le 5 septembre 1998, elle quitte le monastère pour s’installer, avec « ses » enfants à la Maison de Nazareth, un petit orphelinat à Brazzaville. « Je ne voulais pas imposer ma vocation à d’autres religieuses. Moi, l’aventurière, je devais partir », dit-elle. Depuis, elle a accueilli plus de 200 enfants. Cinquante-trois en ce moment et dont s’occupent quatre « mamans » qui se relaient pour être présentes 24h/24.

Ces enfants sont abandonnés, handicapés, réfugiés en provenance du Rwanda ou encore des shegué (enfants de la rue, en lingala). Marie-Thérèse leur donne de l’amour, une famille, l’accès à l’éducation et de la force de préparer leur vie d’adulte. Ils restent jusqu’à leur 18 ans.

« Dans chacun de ces enfants, je vois Dieu, dit-elle. Et comme je ne peux pas rencontrer Dieu et lui dire combien je l’aime, je passe par eux ». Sa générosité, son courage, a ému de nombreuses personnalités en Europe. Une association, Badao, a été créée par le photographe Yann Arthus-Bertrand pour soutenir ses projets.
Diane Audrey Ngako

7. FEDDY TESHA, productrice de lait, Tanzanie

Quand on contemple Feddy Tesha, petit bout de femme de 58 ans, dans les réunions officielles à Dar es Salam, dans les travées de sa ferme ou sur les routes de Tanzanie, qu'elle arpente sans cesse, on se pose deux questions. D'abord: quel ressort en elle lui a-t-il permis de développer une des principales exploitations laitières de son pays au lieu de rester petit paysan comme ses parents ou simple fonctionnaire comme ce que lui promettait son éducation modeste? Mais aussi: à quoi ressemblerait l'Afrique si tout le monde était comme elle?

Feddy Tesha espère transformer la filière laitière de son pays. Entre temps, son succès a déjà transformé la vie de ses enfants. L’aînée est laborantine dans un hôpital. La seconde informaticienne. Le troisième fait un MBA dans une bonne école. Quant à son fils adoptif, le dernier, il a étudié la finance et travaille dans l’immobilier. Mais alors, qui va s’occuper des vaches? « Ne vous inquiétez pas, sourit Feddy. Il y a assez de paysans en Tanzanie ».
Serge Michel

8. COLETTE KITOGA, mère des veuves et des orphelins

Quand on lui demande son âge, par coquetterie Colette Kitoga esquive la question. Elle finit par répondre « la soixantaine » d'une voix malicieuse. Seule certitude, elle a consacré plus de trente années de sa vie aux plus démunis.

C'est en 1996 que débute son engagement. Après vingt années passées en Europe où elle a étudié la médecine, la jeune femme rentre en République démocratique du Congo. La guerre éclate. Le sort dramatique des femmes et des orphelins la bouleverse. Son petit appartement de Bukavu se transforme en nurserie. « Beaucoup de mères mourraient en couche. Je me suis retrouvée avec quinze nouveaux nés sur les bras. Je n'avais même pas de lait à leur donner. Je les ai confiés à des familles ».

Ce combat au quotidien altère sa santé mais sa vocation reste intacte. Partie à treize ans pour l'Italie dans les bagages d'une religieuse, elle a toujours nourri le rêve du retour. « Je viens d'une famille démunie. Enfant, j'ai vu ma petite sœur mourir de la rougeole. J'ai toujours voulu sauver des vies » conclut celle qui a reçu un prix Unicef en 2005. Pour le 8 mars, Colette Kitoga fait un vœu. Celui de voir plus de filles aller à l'école. Pour assurer sa relève.
Coumba Kane

9. ZANELE MUHOLI, la voix et l’oeil des femmes noires homosexuelles

Qui s’enquérit d’une photographe africaine contemporaine sur un moteur de recherche, verra sans nul doute le nom de Zanele Muholi s’imposer parmi les premières occurrences. A coup sûr, les adjectifs « sud-africaine », « noire » et « lesbienne », auront été plus ou moins judicieusement agencés dans les deux premières phrases des portraits consacrés.

Quadragénaire originaire du Kwazulu Natal, une province du littoral est de l’Afrique du Sud, Zanele Muholi s’est rendue célèbre ces dernières années pour son travail centré sur la vie des femmes homosexuelles noires de l’Afrique du sud post-apartheid. Un travail à travers lequel elle dénonce les violences dont celles-ci sont souvent victimes, et auquel il semble être devenu rare de ne pas se référer en évoquant le sujet.

Zanele Muholi, qui déplore de son côté l’absence de médiatisation de l’homosexualité féminine - tout du moins sous un jour positif - a pourtant réussi à redresser la tendance. Sortie diplômée en 2002 du Market Photo Workshop, une école fondée par le célèbre photographe sud-africain David Goldblatt, elle a depuis créé sa propre organisation de soutien aux lesbiennes sud-africaines, lancé un média participatif en ligne dédié à la question, réalisé deux documentaires sur le sujet, exposé ses clichés aux quatre coins du monde, et à ce jour, la section « récompenses » de son CV compte déjà plus de dix lignes. Son calendrier 2015 est lui interminable. Un rapide coup d’oeil permet d’y relever les mots « Oslo », « Londres », « New York », « Venise », « Cape Town », ou « Buenos Aires ».

Marc Bettinelli



 
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